Édito

Un nouveau Premier ministre, et après ?

Publié le 6 septembre 2024
La nomination d’un Premier ministre, après 51 jours d’attente, ne constitue qu’un épisode d’une crise politique qui est loin d’être achevée. Car l’équation politique issue des élections législatives reste la même : comment constituer un gouvernement alors qu’aucune majorité n’existe au Parlement ?
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Faire comme si rien n’avait changé dans les réalités institutionnelles est une piètre stratégie, qui ignore tant le message des urnes que les réalités arithmétiques de la vie parlementaire. Pour le moment, le choix de Michel Barnier répond à la menace d’une censure automatique. Mais il reste à trouver une majorité parlementaire alors que les uns et les autres, sans tenir compte du message des électeurs qui se sont pliés à la discipline républicaine les 30 juin et 7 juillet dernier en coupant la route du Rassemblement national, rivalisent d’intransigeance comme si l’heure était encore aux exclusions mutuelles. Il est encore temps d’apprendre, à l’Elysée comme à l’Assemblée, les usages élémentaires d’une démocratie parlementaire normale. Mais personne n’a fait ses devoirs de vacances pendant l’été… et l’apprentissage s’annonce laborieux.

Au cours de l’été, le retrait salutaire et désintéressé de Joe Biden et la tenue de la Convention démocrate ont lancé la campagne de Kamala Harris. C’est le moment de faire le point avec Pedro Soriano sur le rapport de forces politique. Les sondages indiquent un renversement de tendance permis par le changement de candidat démocrate, Kamala Harris se trouvant en situation plus favorable que son adversaire pour gagner l’élection. Pour autant, le résultat reste largement incertain en raison du système des grands électeurs qui concentre toute l’attention dans quelques Etats pivots. Parmi les données incontournables du vote : les Démocrates doivent impérativement mobiliser leur base pour espérer surmonter le désavantage structurel que leur impose le système électoral. 

Le résultat des élections présidentielles américaines pèsera particulièrement sur l’avenir de l’Ukraine. Les Américains poursuivront-ils leur soutien à l’effort de guerre ukrainien ? Il ne faut pas s’y tromper, nous rappelle le philosophe ukrainien Volodymyr Yermolenko, l’agression russe est bien une guerre contre l’Europe. Les Ukrainiens se battent pour leur sol et pour leur partie mais aussi pour résister à l’autoritarisme et à l’impérialisme russe, et pour les valeurs de liberté politique et de dignité qu’ils associent à l’Europe. C’est pourquoi les Européens ne peuvent se désintéresser du sort des armes en Ukraine, ni se diviser ou laisser s’affaiblir l’engagement aux côtés des Ukrainiens.

Mais les Européens sont-ils en situation de prendre les décisions qui s’imposent ? Confrontés à d’immenses défis simultanés, s’inquiète l’économiste Jean Pisani-Ferry, sont-ils capables de s’entendre pour agir ? L’état des lieux est disponible et il est bien formulé dans une série de rapports récents, d’ailleurs convergents, ce qui constitue en soi une bonne nouvelle. Reste à savoir si la volonté politique sera présente, alors même que les élections européennes ont affaibli le Président français et le Chancelier allemand, c’est-à-dire le « moteur » franco-allemand. Comment dit-on « wake up call » en Européen ?

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Parmi les dossiers où l’Europe doit agir figure la gestion commune des frontières et le traitement de la situation des réfugiés et des migrants irréguliers. En France, une politique d’affichage s’est imposée au fil des années qui fait du nombre de renvois l’expression d’une politique de fermeté. Pourtant, les « obligations de quitter le territoire français » (OQTF), dont le nombre ne cesse de croitre, restent peu appliquées car difficiles à mettre en œuvre. Existe-t-il une alternative à cette fuite en avant ? C’est la question à laquelle Camille Le Coz se propose de répondre ici.

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