Édito

Quelle politique publique pour la transition écologique ?

Publié le 9 juin 2023
Le défi climatique révèle les limites des outils de politique publique dont nous disposons pour développer de nouvelles réponses collectives à la crise écologique. Les petits gestes individuels ne suffisent pas à éviter le réchauffement mais sans faire évoluer les usages de tous les acteurs économiques, nous n’atteindrons pas l’effet systémique nécessaire. C’est un nouveau défi pour la puissance publique, dont les outils d’intervention ont été forgés pour un monde productiviste qui ne peut plus être le nôtre.

L’augmentation brutale du coût de l’énergie à l’automne a été amortie en France par diverses mesures visant à protéger les ménages, limiter la précarité économique et préserver le tissu économique. Cette action résolue a eu pour effet de contenir l’inflation mais elle n’est pas soutenable à long terme tant elle coûte cher. Elle est tellement efficace qu’il est difficile, pour la puissance publique, de sortir sans dommage du bouclier tarifaire. Elle a en outre l’inconvénient de maintenir les acteurs économiques à l’écart du chemin que nous devons emprunter vers la transition énergétique et la sobriété. 

Pour engager la transition énergétique, il faut inventer des politiques publiques permettant à la fois de changer des usages bien installés et de maintenir la cohésion sociale par des mesures de solidarité, le tout avec une forte adhésion des ménages et des entreprises, sans laquelle l’évolution des comportements en faveur de changements sera trop lente ou trop limitée. C’est dire que l’intervention publique ne peut plus passer uniquement par des transferts de compensation ou des mesures de réparation ex post. Il faut imaginer comment orienter les préférences, dans un mixte d’incitations et de contraintes dont le bon équilibre reste à fixer par secteur ou par bien de consommation. 

Tel est l’enjeu du débat sur la tarification de certains biens fondamentaux comme l’énergie (ou l’eau). La possibilité de mettre en place une tarification progressive de l’énergie est ainsi discutée cette semaine dans La Grande Conversation, en envisageant les avantages et inconvénients d’une telle démarche. Par comparaison, ce système de tarification semble plus praticable pour la tarification de l’eau, déjà expérimentée à Dunkerque, même si des précautions s’imposent pour réussir une généralisation. 

Une difficulté particulière de la tarification de l’énergie est que notre consommation d’énergie est organisée dans le cadre, très précieux, d’une interconnexion européenne des réseaux. C’est pourquoi l’organisation du marché de l’énergie est discutée à Bruxelles. L’économiste Elie Cohen analyse ici la flambée des prix de l’électricité de 2022 et les orientations présentées par la Commission européenne pour sortir du court-termisme et assurer  la sécurité d’approvisionnement ainsi que les intérêts du consommateur à long terme.   

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A côté de ce débat invitant à inventer une politique publique de la transition, La Grande Conversation enrichit de nouvelles contributions, trois séries développées depuis plusieurs semaines. Dans notre série sur l’Ukraine, le rédacteur en chef de la revue polonaise Kultura Liberalna, Jaroslaw Kuisz, explique comment l’histoire récente de la Pologne permet d’éclairer sa forte réaction à la guerre d’agression russe contre l’Ukraine. Le dossier sur les nouveaux défis du numérique accueille la contribution de Chine Labbé, qui expose les risques de la désinformation en ligne et propose des outils pour la contrecarrer. Enfin, la série de contributions issues du Collectif de professionnels et de patients pour la refondation de la santé (CPPRS) est complétée cette semaine par les propositions portant sur la psychiatrie et celles sur la politique du médicament

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