Édito

Les risques de la fragmentation politique

Publié le 24 mai 2024
La montée des partis d’extrême droite n’indique pas seulement une inquiétante dégradation des valeurs fondatrices de l’Europe. Elle place également des pays devant des équations politiques insolubles : des coalitions intenables ou des majorités impossibles. En outre, les messages populistes ne constituent pas des programmes d’action : ils relaient des colères, accentuent des clivages mais proposent peu de solutions. La volatilité des votes rend enfin les équilibres politiques plus instables. Les démocraties dérivent-elles vers des systèmes ingouvernables ?
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Plusieurs pays européens sont confrontés à une telle fragmentation politique que la constitution de gouvernements de coalition y apparaît presque impossible. C’est notamment la situation que connaît l’Espagne depuis plusieurs années en raison de la montée de partis régionalistes. Or, les récentes élections en Catalogne, région qui avait organisé un référendum illégal sur l’indépendance en 2017, marquent un bouleversement du paysage politique et, peut-être même, une inversion de tendance. Pedro Soriano analyse ici le résultat des élections du 12 mai dernier, qui a vu un recul des partis indépendantistes catalans. Pour la première fois depuis 1980, ceux-ci ne disposent pas d’une majorité absolue au Parlement catalan. Le pari risqué du Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, apparaît gagnant : la politique d’apaisement vis-à-vis de ces mouvements a démobilisé une partie de leur électorat.  Une occasion de tourner la page d’un processus d’indépendance qui paraît aujourd’hui dans l’impasse ?

Au Portugal, deux grands partis de gouvernement se partageaient le pouvoir depuis la fin du salazarisme. Alors que le pays vient de fêter les 50 ans de la « Révolution des œillets » et du retour à la démocratie, la dénonciation de la classe politique traditionnelle fait les beaux jours d’un parti populiste nouveau venu, « Chega! ». Encore marginal il y a cinq ans, il vient d’envoyer 50 députés à l’Assemblée nationale. La Grande Conversation a interrogé le journaliste politique portugais Alexandre Malhado sur les raisons de cette émergence soudaine. Longtemps déconsidérée, l’extrême droite a trouvé un leader médiatique, qui tire profit de l’austérité traversée par le pays et de scandales de corruption. Mais il sait aussi tirer parti des nouveaux modes de communication et attirer de jeunes électeurs pour qui le souvenir de la dictature ne veut plus rien dire. 

Alors que les élections européennes risquent d’envoyer un mauvais message pour l’ambition écologique, La Grande Conversation documente dans un dossier le défi d’une gestion durable de l’eau. Sobriété, réduction des pollutions, meilleur retraitement des eaux usées, changement de tarification : toutes ces pistes méritent d’être débattues. Cette semaine nous ajoutons une contribution sur le modèle économique de l’eau. La sobriété est la première source d’économie de l’eau mais une baisse de la consommation, souhaitable pour l’environnement, apparaît contradictoire avec le modèle économique des opérateurs, lequel repose sur les volumes consommés. On peut dès lors concevoir qu’une évolution de leur modèle de rémunération, devrait permettre de concilier les impératifs écologiques et le maintien d’une activité essentielle à la vie quotidienne des Français.

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