Édito

Les questions avant les réponses

Publié le 14 juillet 2023
Les émeutes urbaines produisent un effet de sidération par la rapidité des mobilisations, par la variété et la géographie des quartiers touchés, par les cibles des saccages. Dans le brouillard des événements, de nombreux commentaires cherchent des réponses faciles à des questions légitimes mais souvent mal documentées. La géographie des « quartiers prioritaires » est alors souvent montrée du doigt. Livrés à eux-mêmes pour les uns, ils auraient au contraire bénéficié des milliards d’investissements publics pour les autres. Qu’en est-il exactement ?
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Nous proposons cette semaine des éléments d’un portrait statistique des quartiers prioritaires de la politique de la ville (les fameux « QPV ») qui sont au centre de l’actualité. Les surprises sont nombreuses quand on observe les chiffres : mobilité résidentielle élevée de populations supposées enclavées, mixité démographique de groupes réputés hermétiques les uns aux autres, mais aussi expériences répétées des discriminations de jeunes à qui l’on promet une République exemplaire. Avant de tirer des conclusions politiques précipitées des violences urbaines, prenons le temps de regarder les faits plutôt que les stéréotypes.

Pendant la campagne des élections de 2022, La Grande Conversation avait donné la parole à trois maires de quartiers populaires en les interrogeant sur les ressources d’avenir qu’ils observaient dans leurs territoires. Ils formulaient des propositions tirées de leur expérience de terrain pour répondre au trop familier « malaise des banlieues ». Leurs voix n’ont guère porté durant la campagne présidentielle. Il n’est pourtant pas trop tard pour les entendre. 

La relative ignorance des potentialités réelles de ces territoires commence par une incompréhension largement répandue sur le séparatisme social, en particulier dans la région parisienne. On sous-estime en effet largement la mixité sociale de la Métropole du Grand Paris. Les inégalités sont fortes dans le territoire métropolitain mais cela ne signifie pas que les habitants vivent dans des espaces parfaitement séparés. Plusieurs trajectoires démographiques coexistent (embourgeoisement, paupérisation, gentrification, mixité) et toutes montrent l’importance des politiques de logement pour éviter la ségrégation. 

Cette semaine, nous nous intéressons aussi à l’efficacité des sanctions contre la Russie, avec l’économiste Agathe Demarais. Ces sanctions ne pouvaient pas arrêter la guerre mais elles contribuent à affaiblir la capacité militaire de l’agresseur, tout en renforçant l’unité du camp européen confronté à l’irrationalité politique russe. Nous publions enfin une proposition de Carlo Ratti, spécialiste des politiques urbaines qui enseigne aux Etats-Unis, afin de répondre à l’annulation par la Cour suprême américaine des mesures visant à lutter contre les discriminations à l’entrée de l’enseignement supérieur aux Etats-Unis.

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