Édito

Gauche américaine

Publié le 1 novembre 2024
L’intensité des menaces proférées par Donald Trump contre la vie démocratique américaine a éclipsé les débats de fond sur les programmes. Il a notamment étouffé le débat interne à la gauche sur les positions de Kamala Harris. De fait, les conditions minimales d’un authentique débat démocratique ne seraient plus garanties si Donald Trump l’emportait le 5 novembre. Comment la gauche américaine a-t-elle vécu cette campagne qui lui impose une sorte d’unanimisme derrière sa candidate ?
Écouter cet article
00:00 / 00:00

A quelques jours du vote décisif aux Etats-Unis, nous poursuivons notre exploration des grands enjeux de l’élection américaine. Le changement de candidat démocrate à la fin de l’été a redonné un élan à la campagne. Kamala Harris a redonné l’espoir à son camp et a cherché à convaincre les indécis. Son positionnement politique, explique James Cohen, est loin de satisfaire l’aile gauche de son parti, que ce soit à propos de la frontière mexicaine, de la lutte contre les monopoles ou de la Palestine. Au risque d’être lâchée par les plus radicaux des démocrates ?

Que dit exactement le programme économique de Kamala Harris et comment le situer par rapport aux autres programmes de gauche ? La concomitance, à quelques mois d’écart, des élections législatives en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis donne une occasion unique de lire en parallèle les programmes des démocrates américains et des travaillistes britanniques et de les comparer à celui du Nouveau Front Populaire. L’attention portée à la production de richesse, à l’innovation et à la compétitivité, qui justifie par exemple des projets d’investissement public dans les infrastructures et la réindustrialisation, est un point commun fort entre Américains et Britanniques, surtout en comparaison avec le projet français.

En France, le débat budgétaire en cours appelle des choix difficiles. Le gouvernement avait, dans un premier temps, envisagé de retarder l’indexation des retraites de quelques mois. La mesure aurait pu permettre d’économiser 15 milliards d’euros au 1er janvier 2025. Très contestée, la proposition a rapidement disparu des projets du gouvernement. Mais aurait-elle été injuste ? Les économistes Maxime Sbaihi et Erwann Tison aident à y voir plus clair en décrivant les effets de notre système de retraites du point de vue de l’équité entre générations. La génération des baby-boomers tire aujourd’hui un avantage disproportionné de ce système, qui justifie de leur demander une contribution substantielle au redressement des comptes publics.

Autre grand compromis social à reconstruire : le partage des priorités entre citoyens et consommateurs devant le défi de la décarbonation de notre économie. Pour réussir la transition verte et maintenir notre autonomie stratégique, nous devons à la fois réindustrialiser et réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Julien Marchal montre que ces deux projets doivent être menés ensemble pour avoir une chance de réussir. Mieux : c’est parce qu’ils sont dépendants l’un de l’autre qu’ils peuvent être mobilisateurs.

Envie de contribuer à La Grande Conversation ?
Venez nourrir les débats, contredire les études, partager vos analyses, observations, apporter un éclairage sur la transformation du monde, de la société, sur les innovations sociales et démocratiques en cours ou à venir.

La Grande Conversation