La Grande Conversation a réuni depuis l’automne dernier une série de contributions pour éclairer le débat et y contribuer. Tout d’abord, il faut se demander, avec Corinne Pelluchon, pourquoi il apparaît nécessaire de voter une nouvelle loi, alors que celle de 2016 avait recueilli un large consensus. Ensuite les travaux de la Convention citoyenne ont fait l’objet d’un suivi particulier portant dans un premier temps sur les conditions de réussite d’un débat sur le sujet de la fin de vie (ne pas se tromper de question, ne pas se perdre dans les querelles sémantiques). Une discussion avec la présidente du comité de gouvernance de la Convention, Claire Thoury, a ensuite permis de faire un bilan de cet exercice de délibération participative.
Un apport utile de la Convention citoyenne a été de montrer que, loin d’un débat binaire, 19 modèles sont possibles pour décrire les parcours de fin de vie. Pour aider à la compréhension des débats, La Grande Conversation a donné la parole à des points de vue opposés : une défense de l’euthanasie par Bernard Poulet, un plaidoyer pour donner la priorité aux soins palliatifs par Claire Fourcade, le point de vue juridique de Martine Lombard. Les médecins Régis Aubry et François Blot ont présenté des analyses divergentes sur le risque de légiférer à mi-chemin, en privilégiant l’option du suicide assisté (dans des conditions restrictives) contre l’euthanasie. L’analyse du cas de la législation de l’Oregon fait ressortir le risque, explique Mélanie Heard, d’abandonner à une décision et un geste solitaires des personnes qui demandent notre solidarité sous la forme d’un accompagnement jusqu’à la fin.
L’expression « aide active à mourir », qui sera au centre des débats en septembre, recouvre deux options aux implications bien différentes : la prescription d’un produit létal à une personne qui en fait la demande et qui aura la possibilité de prendre le produit elle-même (suicide assisté) ou l’injection d’un produit par un tiers (euthanasie). La première semble avoir la préférence du gouvernement pour le moment. Même si la ministre déléguée cherche à éviter ces termes et à recourir à un lexique nouveau (au risque de produire de la confusion juridique), il faudra bien se demander quel type de solidarité peut répondre à la demande de personnes qui ne veulent pas endurer des souffrances réfractaires alors que leur pronostic vital est engagé à court ou moyen terme.