C’est toute l’importance, explique cette semaine Mélanie Heard, du projet de traité international de lutte contre les pandémies, obligeant les pays à travailler ensemble pour prévenir les futures urgences sanitaires. Le virus du Covid-19 continue à circuler et provoque trois fois plus de décès que la grippe saisonnière, elle-même loin d’être négligeable. Après des mois de panique, nous sortons de la crise dans une forme de déni collectif et de négligence. Jusqu’à la prochaine alerte… Pour briser ce cercle vicieux un accord international est en négociation, sous l’impulsion de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour organiser un meilleur système de veille, de surveillance et d’alerte. Mais les questions du financement, de l’équité entre les pays du Nord et ceux du Sud et de défense de la souveraineté des Etats ont pour le moment brisé l’élan post-Covid qui avait mis en avant l’importance de la démarche « One Health » visant à prendre en compte les liens entre santé humaine, santé animale et qualité de l’environnement.
Autre crise en cours, celle de la guerre menée par la Russie contre le territoire et la population ukrainiennes. Le conflit se déploie depuis des années sur le front informationnel nous rappelle l’historienne et spécialiste des relations internationales Françoise Thom. Depuis plusieurs semaines, alors que l’arrivée de l’automne va gêner, et sans doute geler, les manœuvres terrestres, des signaux indiquent d’inquiétantes fissures dans le soutien occidental à l’Ukraine. Le « narratif » russe trouve encore et toujours des relais d’opinion en Europe et aux Etats-Unis. Mais un soutien de plus en plus mesuré à l’Ukraine, ou des positionnements ambigus, ne feront que renforcer un pouvoir russe qui n’a renoncé à aucun de ses objectifs guerriers.
Enfin, après plusieurs articles publiés la semaine dernière sur le mode de scrutin, nous discutons cette semaine les thèses défendues par Julia Cagé et Thomas Piketty sur l’histoire du conflit politique en France. Leur travail présente une étude, inédite par son ampleur, des préférences politiques des Français révélées par les élections législatives depuis la Révolution française, avant de formuler des propositions de stratégie politique. Cet ouvrage rempli de données, de tableaux et de cartes électorales retrace les évolutions de la vie politique française sur la longue durée. Contrepartie méthodologique des séries longues, il produit des catégories d’analyse politique reposant sur des simplifications qui brouillent le raisonnement. Trois points retiennent en particulier l’attention : la place de l’extrême-droite sur l’échiquier politique français, le découpage territorial qui survalorise le monde rural et sous-estime les réalités urbaines et périurbaines, et enfin la description des « intérêts convergents » des électeurs des catégories populaires urbaines et rurales.